Dix ans après le NON au référendum sur le Traité constitutionnel européen


Dix ans se sont écoulés depuis le NON français au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Le 29 mai dernier, les DNA et le journal l’Alsace ont rappelé qu’en 2005 le NON l’avait emporté avec 54,67 % des voix. Mais la presse locale aurait aussi bien fait de rappeler que la région Alsace avait voté pour le OUI à 53,44 %. Eh oui ! En dehors de l’Île de France, seules la Bretagne et l’Alsace avaient voté en faveur de la construction européenne. De la même manière, lors du référendum sur le traité de Maastricht en 1992, l’Alsace avait donné au OUI son meilleur score : 65,58 %.

 L’Alsace, terre d’Europe par excellence

C’est tout simplement que l’Alsace, par sa géographie et son histoire, est une terre d’Europe par excellence. Le fait que les Alsaciens votent souvent dans des proportions importantes pour le Front National peut sembler paradoxal. Mais le paradoxe n’est qu’apparent. En effet, les électeurs alsaciens font la part des choses entre les différents scrutins, et savent hiérarchiser leurs critères de choix. Pour les élections nationales, ils mettent en tête de ces critères la question de l’immigration et l’identité. À tort ou à raison, ils pensent que c’est le FN qui arrêtera l’immigration. Quand ils sont interrogés sur l’avenir de l’Europe, ils font sans barguigner le choix de la construction européenne. Il y a en réalité une grande cohérence dans ces résultats électoraux : les Alsaciens sont favorables à l’Europe européenne et hostiles à l’immigration non-européenne.

Les responsables de l’UMP, comme ceux du PS, ont joué avec le feu en modifiant régulièrement les lois électorales. La conséquence de ces tripotages des modes de scrutin, combinés avec la funeste réforme territoriale, c’est que les partis régionaux, régionalistes ou autonomistes, vont finir par être exclus des prochaines élections régionales de décembre 2015. Mais en même temps, l’abstention va encore gagner du terrain. Cazeneuve et Valls, conscients de la perte de légitimité du politique que causerait un taux d’abstention record, n’hésitent pas à envisager de rendre le vote obligatoire.

Quand la crise de confiance des électeurs atteindra son paroxysme, la seule solution sera d’instaurer le scrutin proportionnel intégral à toutes les élections autres que présidentielles et de revenir aux circonscriptions régionales naturelles.

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Vu dans les DNA. Il serait bon de rappeler que l’Alsace a voté OUI au référendum dur le Traité constitutionnel européen.