Après le référendum : demain, acte 2 de la fusion


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Charles Buttner, UMP, vainqueur du scrutin du 7 avril 2013 : il conserve la présidence du Conseil général du Haut-Rhin.

L’Alsace vient de rater une occasion rare : se doter d’un Conseil unique afin de rendre notre région plus forte, et lui permettre de revendiquer des compétences nouvelles pour affronter les temps difficiles.

La plus grosse déception vient de la faible participation. Il est vrai qu’en France la démocratie directe est inexistante et que les référendums y sont rares. Si bien que, lorsqu’une fois tous les dix ans, les électeurs sont consultés par référendum, ils ne vont plus voter ou alors ils ne répondent pas à la question posée. C’est l’aspect le plus triste de ce référendum. Et au soir du scrutin, on a vu que bien des responsables politiques s’en contentaient.

Rappelons au passage que la barre de 25 % des inscrits est une trouvaille glissée par les équipes de Sarkozy, lequel fut manifestement peu enclin à laisser la bride sur le cou des collectivités.

Au lendemain du scrutin, le jeu – et tout le monde y joue – consiste à identifier les responsables de ce qu’il faut bien appeler un échec.

Que les partis nationalistes et jacobins aient appelé à voter Non n’a rien de surprenant. Le Front de Gauche, le Front National, Debout la République et le parti communiste Français sont dans leur rôle lorsqu’ils ont donné les consignes de voter Non. Et leurs discours sur la menace pour la République étaient tellement décalés que leurs arguments ont à vrai dire très peu pesé dans le résultat final.

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De gauche à droite, les trois présidents UMP des collectivités alsaciennes : Philippe Richert, Charles Buttner, Guy-Dominique Kennel

La faute lourde a été commise par les responsables politiques alsaciens qui se revendiquent habituellement favorables à la décentralisation et qui ont fait campagne contre la fusion et le Conseil d’Alsace. La palme revient à Charles Buttner, président UMP du CG 68, qui s’est opposé au projet pendant trois ans en agitant le spectre d’un prétendu « centralisme bas-rhinois », ne rejoignant la camp du Oui que depuis quelques mois, et en traînant des pieds. Gilbert Meyer, maire UMP de Colmar, n’a pas hésité à appeler officiellement à rejeter la fusion.

Certains socialistes, notamment bas-rhinois, portent également une écrasante responsabilité dans l’issue de ce scrutin. En appelant à voter Non, et en critiquant sans cesse le projet de fusion, ils ont en réalité voulu faire de cette consultation un référendum anti UMP, sans se soucier de l’intérêt général de l’Alsace. La campagne de dénigrement du projet – projet certes imparfait, nous l’avons souvent dit – a eu pour conséquence de pousser à l’abstention des électeurs qui ne voulaient pas aller jusqu’à voter Non. Ironie des élections, les socialistes bas-rhinois ont été partiellement désavoués par leurs propres électeurs, les Bas-Rhinois  ayant majoritairement choisi de voter Oui.

Philippe Richert et les initiateurs du projet eux-mêmes portent une grande part de responsabilité dans l’échec du Oui. Appelons un chat, un chat. Un tel projet institutionnel se construit contre quelque chose ou quelqu’un. En l’occurence, c’est contre l’État hyper-centralisé qu’il fallait opposer le Conseil d’Alsace. Au lieu de quoi, c’est une querelle entre Alsaciens qui s’est développée, alimentée sournoisement par les élus UMP et PS opposés au projet : Haut-Rhinois contre Bas-Rhinois, citadins contre villageois, etc.

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La pétition sera le meilleur moyen de recueillir l’adhésion de tous les Alsaciens pour le prochain référendum.

Le Haut-Rhin a voté Non, le Bas-Rhin a voté Oui. Les résultats opposés dans les deux départements reflètent jusqu’à la caricature cet antagonisme artificiel entre Haute et Basse Alsace.

Le malheur, c’est que Philippe Richert, formaté dans la déférence excessive à Paris, n’a pas osé dire face à qui l’Alsace devait devenir plus forte. Et pourtant, l’actualité nous a offert une profusion d’arguments qui n’ont pas été utilisés :
– l’État vient de renier ses engagements en matière d’enseignement bilingue par les récentes décisions du rectorat
– le Conseil Constitutionnel a déclaré contraire à la Constitution notre dispositif régional des corporations de métiers, fierté de l’Alsace
– un projet de loi tout récent met en danger l’existence même de notre régime local d’assurance maladie
– les attaques contre le régime concordataire se multiplient
– menace sur le repos dominical, etc.

Voilà ce qu’il aurait fallu dire aux Alsaciens, et leur rappeler aussi que nous payons toujours pour des TGV que les autres régions ont eu gratuitement.

Ce référendum était un coup pour rien, mais nous ne renonçons pas. Nous devons tous nous battre pour  remettre bientôt l’ouvrage sur le métier et soumettre aux Alsaciens un projet de grandeur, de force et d’avenir.

Il existe un moyen efficace d’associer étroitement les Alsaciens à un nouveau projet : le moment venu, lancer une pétition en faveur de l’acte 2 de la fusion. Et la condition de la crédibilité de toute nouvelle initiative, c’est de fusionner sans tarder les agences économiques et touristiques.