Polémique sur le bilinguisme : double langage et double jeu ?


La polémique sur l’enseignement bilingue, commencée le 16 juin dernier par un article publié dans les DNA, n’est pas près de s’éteindre. Armande Le Pellec Muller, recteur de l’académie de Strasbourg, est l’objet d’un flot de critiques convergentes depuis qu’elle a rendu publics les changements des modalités de l’enseignement bilingue français-allemand en Alsace. Or la rectrice n’est responsable de rien, ou presque. Madame le Pellec Muller est une fonctionnaire, certainement de bon niveau, qui exécute des décisions prises dans les bureaux du ministère à Paris. Il lui a été demandé de tailler dans les budgets, elle taille donc dans les budgets. Et notamment dans celui consacré à l’enseignement bilingue à parité horaire. Mais il y a un hic ! L’enseignement bilingue est organisé dans le cadre d’une convention passée en 2007 entre l’État, le Conseil régional d’Alsace, les deux Conseils généraux.

La rectrice, mauvaise cible pour ceux qui ont mauvaise conscience

Armande le Pellec Muller

Si les mots ont encore un sens, une convention est un document contractuel qui engage toutes les parties prenantes, et ceci d’autant plus que la convention de 2007 a prévu le versement annuel de 3 millions d’euros par les collectivités alsaciennes, c’est-à-dire par les contribuables alsaciens. Mme le Pellec Muller n’a pas décidé toute seule de casser l’accord de 2007. Elle a pu revenir sur les termes de la convention parce qu’elle avait l’accord des présidents des collectivités. Ceci est très clairement rapporté dans l’article du 16 juin.

Il est stupide de reprocher à Mme le Pellec Muller d’être jacobine, car si elle ne l’était pas, elle ne serait pas rectrice, au service de la plus grande administration de l’État.

Ne pas hésiter à saisir le Tribunal administratif s’il le faut

Ceux qui dans cette affaire n’ont pas rempli leur mission, ce sont les présidents des collectivités : Philippe Richert, Charles Buttner et Guy-Dominique Kennel. Leur mandat était de défendre l’enseignement bilingue paritaire, de s’opposer aux options du rectorat et de poursuivre l’État au Tribunal administratif en cas de besoin.

Pourquoi donc toutes les associations pour le bilinguisme, la presse, les experts  et les commentateurs s’acharnent-ils sur la rectrice ? Pourquoi veulent-ils à tout prix épargner les vrais responsables que sont MM. Richert, Buttner et Kennel ?

Certainement touche-t-on là au coeur des scléroses psychologiques structurelles de l’Alsace. Il faut relire Psychanalyse de l’Alsace, de Frédéric Hoffet.

On frise ici le double jeu

Mais les trois présidents n’avaient pas prévu un telle mobilisation en faveur de l’enseignement bilingue paritaire. On assiste donc aujourd’hui à un splendide retournement de veste. Il est consternant de voir MM. Richert, Buttner et Kennel rejoindre la cohorte des détracteurs de Mme Le Pellec Muller, eux qui lui avaient donné leur accord il y a quelques jours à peine.

De gauche à droite : Charles Buttner, président du Conseil général du Haut-Rhin, Guy-Dominique Kennel, président du Conseil général du Bas-Rhin, Philippe Richert, président du Conseil régional d’Alsace. Il semble que les trois présidents n’aient pas consulté les élus de leurs assemblées pour approuver les initiatives du rectorat.

Pour signer le pétition « Pour l’avenir des jeunes d’Alsace », cliquez ici

Um die Petition « Für die Zukunft der Jugend im Elsass » zu unterschreiben, klicken sie hier