Valls provoque, il faut répondre !


300_ChaîneLes Alsaciens se souviendront-ils du samedi 11 octobre 2014 comme d’une journée des dupes ? Le rassemblement de la place de Bordeaux à Strasbourg a été célébré comme un beau succès par les organisateurs, c’est-à-dire par les grands élus UMP. Et pourtant, beaucoup de manifestants sont rentrés chez eux avec une impression de malaise.

Des milliers de personnes sont venues participer à une manifestation ; ils ont eu droit à une kermesse. Les manifestants ont brandi des milliers de drapeaux « rot un wiss » ; la tribune en face d’eux n’arborait que des écharpes tricolores. Les manifestants étaient venus dire non à toutes formes de fusion forcée ; les orateurs sur l’estrade se sont tus sur l’option Alsace-Lorraine de Philippe Richert. La foule était prête à huer les responsables des funestes projets anti-alsaciens ; aucun élu sur l’estrade n’a osé prononcer les noms de Valls et de Hollande. Les manifestants attendaient que l’un au moins des orateurs fasse un discours en alsacien ; le dialecte entendu a été chanté par un groupe de rock, Kansas, dit « of Elsass ». Les manifestants auraient voulu applaudir l’orateur qui aurait réclamé plus de pouvoir pour l’Alsace ; aucun des orateurs n’a déploré la recentralisation mise en oeuvre par la réforme Valls-Hollande. Les Alsaciens attendaient des discours propres à les rassurer ; ils ont entendu des discours écrits pour plaire au préfet. Les Alsaciens rassemblés ce samedi d’octobre auraient aimé entendre un hymne alsacien ; les notables sur l’estrade ont entonné une Marseillaise.

Et après deux heures de kermesse, pour signifier aux manifestants que la fête était finie, les organisateurs ont offert un lâcher de ballons… tricolores. Entre les Alsaciens et leurs élus, le fossé se creuse.

Quel est le bilan de cette journée ? Manuel Valls doit sourire. Si c’est cela notre démonstration de force, il peut dormir tranquille. Il vient même d’en rajouter une couche : il s’est permis de nier la réalité du peuple d’Alsace, ce qu’il n’aurait jamais osé faire aux Corses ou aux Bretons. Si les élus alsaciens espèrent opposer la rue au gouvernement, ils doivent se débarrasser de leur terreur frileuse de la radicalité et du rapport de force. Si l’on veut faire plier Valls et Hollande, il va falloir monter la résistance d’un cran.