Hommage à Dominique Venner


250_VennerPeu après 16 heures le mardi 21 Mai, le grand essayiste et historien, notre ami Dominique Venner a choisi de mettre fin à ses jours ; il avait déjeuné avec quelques amis proches, écrit un texte sur son site internet et rédigé une correspondance explicative.

Avec la détermination qui fut un des signes forts de son caractère, il se rendit sur le lieu éminemment sacré qu’est Notre Dame de Paris et donna suite à son projet hautement symbolique.

Sénèque dans la lointaine antiquité, Mishima ou Montherlant au siècle passé ont fait le même choix.

Grandeur, sans décadence ; matrise de son destin ; courage et lucidité.

Le Réseau Identités, Alsace d’Abord, tous ses partenaires et amis rendent un hommage ému et fidèle à l’ami qui laisse une œuvre considérable. Mais aussi un message inlassablement répété, que la civilisation européenne (trente mille ans d’identité, disait-il) ne peut pas, ne doit pas mourir, ou pire, s’effacer et s’abâtardir.

En soixante ans de vie publique, Dominique Venner aura été un responsable politique et activiste, puis un passionné des armes et de la chasse, puis un essayiste historien et philosophe à la fois. Trois périodes où il aura été, pour nombre d’entre nous, un patron puis un maitre.

Il avait longuement insisté sur la période de bouleversement historique qui est en train de prendre forme, et sur le rôle de l’inattendu dans l’histoire. Ces périodes troubles, d’où peut sortir pour un peuple, pour une civilisation le meilleur ou le pire, ont besoin de gestes forts, comme l’écrivait Dominique Venner le matin même.

« Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines ».

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Ci-dessous la lettre laissée par Dominique Venner sur l’autel de Notre Dame de Paris.

 » Les raisons d’une mort volontaire

Je suis sain de corps et d’esprit, et suis comblé d’amour par ma femme et mes enfants. J’aime la vie et n’attend rien au-delà, sinon la perpétuation de ma race et de mon esprit. Pourtant, au soir de cette vie, devant des périls immenses pour ma patrie française et européenne, je me sens le devoir d’agir tant que j’en ai encore la force. Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable. J’offre ce qui me reste de vie dans une intention de protestation et de fondation. Je choisis un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre Dame de Paris que je respecte et admire, elle qui fut édifiée par le génie de mes aïeux sur des lieux de cultes plus anciens, rappelant nos origines immémoriales.

Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté. Je me donne la mort afin de réveiller les consciences assoupies. Je m’insurge contre la fatalité. Je m’insurge contre les poisons de l’âme et contre les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille, socle intime de notre civilisation multimillénaire. Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations.

Le discours dominant ne pouvant sortir de ses ambiguïtés toxiques, il appartient aux Européens d’en tirer les conséquences. À défaut de posséder une religion identitaire à laquelle nous amarrer, nous avons en partage depuis Homère une mémoire propre, dépôt de toutes les valeurs sur lesquelles refonder notre future renaissance en rupture avec la métaphysique de l’illimité, source néfaste de toutes les dérives modernes.

Je demande pardon par avance à tous ceux que ma mort fera souffrir, et d’abord à ma femme, à mes enfants et petits-enfants, ainsi qu’à mes amis et fidèles. Mais, une fois estompé le choc de la douleur, je ne doute pas que les uns et les autres comprendront le sens de mon geste et transcenderont leur peine en fierté. Je souhaite que ceux-là se concertent pour durer. Ils trouveront dans mes écrits récents la préfiguration et l’explication de mon geste. « 

*Pour toute information, on peut s’adresser à mon éditeur, Pierre-Guillaume de Roux. Il n’était pas informé de ma décision, mais me connaît de longue date.

*Dominique Venner est né en 1935. Il est essayiste et historien. Il est le fondateur de La Nouvelle Revue d’Histoire. Il a publié un grand nombre de livres (parmi lesquels Le Siècle de 1914 ou Histoire et tradition des Européens). Derniers essais parus : Le Choc de l’Histoire (Editions Via Romana, 2011), L’Imprévu dans l’Histoire (Éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2012). Essai à paraître chez cet éditeur : « Un Samouraï d’Occident. Le bréviaire des insoumis ».

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